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Ma stratégie de décaissement

Dans ce cet article, je partage avec vous mon plan pour préparer un décaissement durable et fiscalement efficace. Je vais couvrir l’ensemble des règles que je me suis fixé afin de vivre le plus longtemps possible de nos placements. Compte tenu de la quantité d’information à partager sur le sujet, j’ai décidé de diviser cet article en deux billets séparés.

Les personnes comme moi qui désirent vivre de leurs investissements pendant une période de plus de 30 ans se retrouvent souvent à court d’information dans la littérature financière. Les décaissements prématurés tels que le conçoit la communauté FIRE sont très peu documentés. Il faut croire que la société dans laquelle nous vivons ne conçoit pas encore la retraite à 35 ans 🙂

Je me suis donc penché sur le sujet afin de planifier ma future vie financière et mon constat est sans équivoque : « Il y a autant de stratégies de décaissements que de fiscalistes ». Même si certaines stratégies sont plus populaires que d’autres, elles n’en demeurent pas moins efficaces fiscalement parlant. Par conséquent, j’ai décidé de bâtir mon propre plan de décaissement qui correspond à mon profil et mes objectifs.

Accumulation & Décaissement :

La phase de décaissement débute lorsqu’on commence à retirer l’argent de nos placements pour couvrir nos frais de subsistances. Cependant, pour qu’un décaissement soit optimal, il faut le planifier pendant la phase d’accumulation. Pour ceux qui ne sont pas familiers avec celle-ci, cette phase est la période pendant laquelle on épargne et on investit notre argent. De l’argent généré par une activité professionnelle afin d’atteindre une certaine valeur nette (FI Number).

Voici donc ma stratégie, en 7 points, pour préparer un décaissement fiscalement optimisé :

Baisser mes coûts de gestions

Je paie actuellement une moyenne de 0,20 % de frais de gestion en investissant dans des FNB à répartition d’actifs. On ne voit pas trop la différence au début de la phase d’accumulation, mais on s’aperçoit rapidement que pour un placement de 1 million de dollars, les frais de gestion à 0,2 % sont équivalents à 2 000 $/an. Si on est investi uniquement dans des Fonds Communs de Placement (FCP) qui ont des frais de gestions avoisinant les 1,5 %, le même million nous couterait 15 000 $/an. Rajoutez à cela les frais de commission de suivi de 1 %, et on se retrouve à débourser 25 000 $/an. Si on fait les mauvais choix de fonds, ça risque de nous couter cher en frais, particulièrement pendant la phase de décaissement où la valeur de nos placements est élevée.

Rester dans un palier d’imposition bas

Un des secrets du décaissement les mieux gardés est le gain en capital différé. Les revenus issus de ce dernier sont de loin les moins imposés dans la fiscalité canadienne.

Pour obtenir des flux de trésorerie provenant de gains en capital différés, il faut procéder à la vente d’une partie de ses actions chaque mois. C’est ce qu’on appelle un « Plan de Retraits Systématiques » ou « PRS ». Cette technique permet de différer le gain en capital à des années ultérieures et rester par la même occasion dans un palier d’imposition bas. Cela se fait en décaissant uniquement son capital pendant les premières années de retraite.

Habituellement, une telle manœuvre ne se fait qu’avec des FCP spécifiques appelés « Series T ». Mais la bonne nouvelle est qu’elle devrait être possible à réaliser avec des FNB canadiens dans 4 ou 5 ans si on en juge ce qui se fait déjà aux États-Unis. Ce délai correspond parfaitement avec la date de début de mes décaissements.

Pour vous donner une idée de l’efficacité fiscale du PRS, un retrait d’un compte non enregistré qui serait taxé à un taux marginal de 32 %, pourrait être taxé à 8 %. N’ayant pas encore eu l’occasion d’exécuter une telle stratégie, je lance un appel à nos lecteurs qui seraient déjà entrain de l’utiliser, afin de partager leur expérience avec nous. Je suis certain que ça en intéresserait plus d’un ; à commencer par moi !

Une autre technique sur laquelle je travaille, et qui permet de rester dans un palier d’imposition moins élevé, consiste à avoir la bonne répartition de revenu entre les comptes imposables, peu imposable et non imposable.

À titre d’exemple quelqu’un qui aurait besoin d’un revenu brut de 40 000 $/an. Avec 1 million de dollars d’investissements, s’il s’agit uniquement d’un REER, il faudra retirer au moins 4 %, ou 40 000 $, dont 30 000 $ se situent en dessous du seuil d’imposition le plus bas (27,53%) , tandis que 10 000 $ se situent dans la tranche d’imposition des 32,53% et plus.

Si, par contre, cette même somme était divisée de la sorte : 750 000 $ dans un REER et 250 000 $ dans un CELI, on pourrait retirer 30 000 $ du REER, le tout à la tranche d’imposition la plus basse. Plus 10 000 $ du CELI sans payer d’impôt dessus.

La même logique s’applique avec la répartition des placements entre les conjoints. Que ce soit dans un régime enregistré ou non, les couples ont tout intérêt d’avoir plus ou moins les mêmes proportions de placements dans leurs comptes afin d’économiser de l’impôt. Vu qu’on maximise déjà nos REER, ma femme et moi ne nous qualifions pas pour un REER conjoint, mais nous envisageons équilibrer nos comptes non enregistrés.

Un fond de dépenses

Basés sur l’indice S&P 500, de 1950 à 2020, les marchés boursiers ont connu une douzaine de crash, y compris le dernier en date lié à la pandémie. Comme le montre le graphique ci-dessous, 8 de ces crises ont recouvert dans les 12 mois qui ont suivi les crash. Donc on a plus de 66 % de probabilité qu’un fond de dépenses d’un an soit suffisant.

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Cette mesure sécuritaire supplémentaire consiste à créer un fond de dépenses de 12 mois dans lequel on puise pour nos dépenses quotidiennes, tout en l’alimentant de manière régulière grâce au plan de retraits systématiques. Si jamais un crash boursier survient, j’arrêterait le PRS et je disposerai alors d’un fonds de subsistances en liquidité de 12 mois ainsi qu’un fond d’urgence de 4 à 6 mois.

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Schéma de fonctionnement du fond de dépenses

Pas d’obligations! 100% d’actions

La décision d’aller avec une pondération agressive en actions, dans mon compte non enregistré, apportera plus de risque certes, mais correspond mieux à ma stratégie. Deux choses m’ont poussé à faire des placements à 100 % d’actions :

  • Tout d’abord, dans un but de rendements plus élevés. Mon horizon d’investissement ainsi que mon niveau de tolérance au risque me permettent d’emprunter ce chemin. Je ne m’attarderais pas sur l’importance de l’allocation d’actifs dans cet article, mais si vous voulez en savoir plus, je vous recommande vivement l’article de notre ami Le journal d’un Investisseur intitulé : « L’allocation aux classes d’actifs est le nerf de la guerre ».
  • La deuxième raison qui me pousse vers une pondération à 100 % d’action est purement fiscale. Il faut savoir que la loi fiscale canadienne, à l’instar de plusieurs autres pays, privilégie les revenus d’investissements aux revenus ordinaires. Ça se résume à payer plus d’impôt sur du revenu généré en échange de votre temps, que du revenu généré en échange de vos investissements. Et devinez quoi, les intérêts générés par les obligations sont taxés au même titre que du revenu ordinaire (revenu de travail). Pour simplifier le tout, je vous ai résumé, dans le tableau ci-dessous, les différents traitements fiscaux par rapport aux différents types de revenus.
Type de distributionDescriptionTraitement fiscal
Revenu ordinaire/ Intérêts Obligations, revenu de travail, bons du trésor, certificats de placement garanti.Imposable en totalité au même taux d’imposition marginal que le revenu ordinaire
Placements étrangersDividendes, intérêts ou autres types de distributions reçues pour des placements étrangers Imposables en totalité au même taux d’imposition marginal que le revenu ordinaire
Gain en capitalGains enregistrés lorsqu’un placement est vendu à un prix supérieur au prix d’achat (PBR)Traitement fiscal préférentiel; seulement la moitié des gains en capital est imposable
Dividendes déterminésSommes touchées lorsque les fonds sont investis dans des actions de sociétés ouvertes canadiennes qui versent des dividendesTraitement fiscal préférentiel grâce au crédit d’impôt

Traitement fiscal des différents types de distributions

On voit bien que les dividendes ainsi que le gain en capital jouissent d’un taux d’imposition préférentiel. À titre d’exemple, on compare dans le tableau suivant un revenu d’intérêts, comme des obligations, avec un revenu issu de gain en capital.

RevenuType Taux d’impositionImpôt (incluant RRQ/AE)Montant après impôt
35 000$Intérêts100% imposable7 236$27 764$
35 000$Gain en capital50% imposable853 $34 147$

Comparaison de taux d’imposition par type de distribution

Le choix du type de distribution ainsi que l’allocation d’actif peut mener donc à des économies substantielles. Comme on va le voir dans mon prochain article, mon compte non enregistré devrait représenter 21 % de la valeur globale de mes placements. Donc une allocation agressive en action ne met pas en péril l’entièreté de mes placements. Si l’envie m’en prenait de sécuriser une partie de mes investissements, ça sera avec des obligations investies dans mes REER. Au moment des retraits, l’ensemble des revenus, y compris les intérêts générés par ses obligations auront le même traitement fiscal, c’est-à-dire imposable en totalité au même taux d’imposition marginal que le revenu ordinaire.

Dividendes & DRIP

Quand bien même je ne compte pas vivre de mes dividendes pendant ma retraite ; j’ai l’intention de convertir une bonne partie de mes placements, investis dans mon compte non enregistré, vers des FNB qui génèrent des dividendes canadiens. La raison de ce choix est l’efficience fiscale.

Même si je compte réinvestir les dividendes reçus systématiquement via un DRIP (plan de réinvestissement de dividendes), je vais quand même être taxé dessus. La chose à savoir est que les dividendes qualifiés sont un type de distribution qui est très peu imposé. Ils jouissent d’un traitement fiscal préférentiel pour les particuliers grâce au crédit d’impôt pour dividendes. Contrairement aux dividendes étrangers qui sont imposés en totalité au même taux d’imposition marginal que le revenu ordinaire.

Cette stratégie me permettra d’optimiser ma facture fiscale considérablement, car mon compte non enregistré au moment des décaissements devrait représenter une partie considérable de ma valeur nette. Il existe aussi une autre manière d’éviter complètement le paiement de dividendes. C’est mon prochain point.

FNB basé sur des swaps

Je suis encore entrain d’évaluer la faisabilité de cette dernière méthode, mais j’ai jugé utile la partager avec vous. De l’anglais « Swap Based ETF », ce fonds négocié en bourse ne détient ni action ni obligation. Il utilise un instrument financier appelé « Total Return Swap » ou « TRS » conçus pour offrir la même performance qu’un indice spécifique.

L’avantage le plus important des FNB basés sur des swaps est leur potentiel de report ou de réduction des impôts. Ces FNB ne versent pas de dividende ni d’intérêt, ce qui signifie que le détenteur de ce fond n’est imposé sur aucun revenu tant qu’il détient ses parts. Tous les gains du fonds sont imposés à des taux extrêmement avantageux, car ils sont considérés comme des gains en capital. Imaginez baisser votre taux d’imposition d’un hypothétique 41% à 8% 🙂

Diversifier le plus possible

Afin de varier nos sources de revenus pendant la phase de décaissements et éviter de mettre tous nos œufs dans le même panier, on a pris la décision d’investir dans l’immobilier. On vise le semi-commercial pour le moment pour des raisons de rentabilité qu’on évalue avec les 4 critères suivants : l’équité à l’achat, le « cashflow » annuel, la capitalisation et la « plus-value ». C’est un processus en cours de réflexion, donc je publierai bientôt un article sur le sujet pour partager avec vous notre expérience.

Disclaimer:

Je tiens à conclure cet article avec un disclaimer afin de rappeler que je ne suis ni fiscaliste ni planificateur financier. Tout ce que j’avance sur cet article n’est que le fruit de mon expérience et mes recherches, et ne représente aucunement un modèle à suivre à la lettre. Je vous invite cependant à consulter des spécialistes si vous voulez bâtir votre plan de décaissement.

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